Nucléaire nord-coréen : doit-on s’en inquiéter ?

Nucléaire nord-coréen : doit-on s’en inquiéter ?

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki ont, par leur violence, changer la guerre à jamais. Après ces événements, la Guerre Froide fut propice au développement des armes nucléaires, car tous les pays voulaient la posséder, en tant que moyen de pression. C’est le cas de la Corée du Nord qui, grâce au don d’un réacteur nucléaire par l’URSS, a pu entreprendre ses propres recherches sur le sujet…

Initiation du projet

Bien que le programme d’armement nucléaire fut initié en 1980, ce qui y mit un coup d’accélérateur, c’est un événement de 1992 : Kim-Il-Sung, alors dirigeant du pays, voulut entamer un dialogue en ce qui concerne la présence américaine dans le Sud voisin. Le message fut le suivant :

Nous renonçons à réclamer le retrait des troupes américaines du Sud ; en contrepartie, vous garantissez que vous ne remettrez pas en cause l’existence de notre pays.

Aucune suite ne sera donné de la part du président américain de l’époque, George H. W. Bush. Cette absence de réponse fut interprété par le leader comme une envie des États-Unis d’en finir avec la Corée du Nord.

En plus du réacteur, donné par le grand frère soviétique, il faut savoir que la Corée du Nord possède des gisements d’uranium sur son territoire ; donc elle est autonome en ce qui concerne l’alimentation son arsenal nucléaire. Les faits et gestes du pays sont scrutés par ses voisins, ainsi que par de nombreux organismes de renseignement étrangers, notamment américains.

Le programme nucléaire nord-coréen continue son développement sous l’étroite attention du successeur de Kim Il-sung : Kim Jong-Il. Et c’est sous son ère qu’auront lieu les premiers essais, en 2006 et 2009.

Les essais entrepris par le régime

Le premier test d’arme nucléaire répertorié aurait eu lieu le 9 octobre 2006 : il s’agirait d’un “Long Feu” ; c’est-à-dire un essai de bombe nucléaire soldé par un échec. On évalue sa puissance entre 0.7 et 2 kt* selon les différents organismes ayant mesurés cette explosion. Pour donner des éléments de comparaison, la puissance de Fat Man, quand elle tomba sur Nagasaki, était de 25 kt. Quant à celle de la Tsar Bomba de l’URSS, la plus puissante bombe jamais utilisée, elle fut de 57 Mt [ La puissance des bombes atomique est mesurée en tonnes de TNT (t). Donc 1 kt = 1000 t et 1 Mt = 1 000 000 t ]

En 2009 et en 2013, deux nouveaux tests auront lieu avec une puissance accrue. Le test de 2013, premier sous l’ère de Kim Jong-un, atteindrait les 16 kt.

Mais c’est la date du 6 janvier 2016 qui marqua un tournant dans le programme nucléaire nord-coréen : en effet, cet essai aurait eu pour sujet une bombe à hydrogène, d’après les autorités locales. Elle aurait atteint les 16.5 kt selon les différents organismes ayant couvert ce test.

Le dernier essai en date, est le plus puissant ayant été enregistré : ayant eu lieu le 3 septembre 2017, il aurait une puissance se situant entre 70 et 280 kt., soit une puissance minimum de 3 Fat Man.

En plus de cela, la Corée du Nord a entrepris de nombreux essais de missiles intercontinentaux, dans les mers voisines. Ces essais inquiètent grandement les pays voisins, qui ont peur d’une escalade pouvant mener à une guerre nucléaire. Même son allié de toujours, la Chine, commence à lui tourner le dos.

Mesures des pays belligérants

La Corée du Sud, sous la présidence de Moon Jae-in, essaie de rouvrir le dialogue avec sa soeur du Nord. Cependant, il y a une certaine appréhension de l’avenir dans le pays : des exercices d’évacuation sont organisés dans les bâtiments publics, pour prévenir la population de risques d’attaques. Il y a même eu l’émergence d’un marché basé sur cette peur, avec la vente et les tutoriels de kits de survie.

Le gouvernement japonais, dirigé par Shinzo Abe, souhaite se reconstituer une armée. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le pays du soleil levant a adopté une constitution, dont l’un des articles – plus exactement l’article 9 – l’empêche d’avoir une véritable armée. Le gouvernement joue sur les récents événements, et sur la fougue nationaliste pour l’abolir.

De son côté, malgré les dires fantasque du président Trump, les États-Unis prennent ce problème très au sérieux. Le 29 novembre dernier, après un énième essai de missile intercontinental, la Corée du Nord s’est dit en mesure de pouvoir frapper l’ensemble du territoire américain. Avant cette date, il a été question de la sécurité du pays ; et le directeur de la CIA, Mike Pompeo, avait même évoqué la solution militaire.

Le dénouement est-il proche ?

Tout se jouera désormais sur la scène diplomatique : après des Jeux Olympiques d’hiver sous le signe de la détente et de l’union des deux Corées, la Maison blanche a accepté, le 9 mars dernier, l’invitation du gouvernement nord-coréen, dans le but d’organiser une rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un. Elle se tiendrait vraisemblablement en mai. Le Japon pense aussi à organiser son sommet dans le but d’entamer des discussions de son côté.

Les enjeux sont cruciaux : peut-on espérer le début d’une coopération entre les deux camps ? Ou aurons-nous droit à un dialogue de sourds ?


Sources :


Article écrit dans le cadre du magistère sciences techniques et société [CNAM – 2018]

Les commentaires sont clos.